Salut
et fraternité
Je viens d'arriver à La Paz et je profite
de la chaleur pour donner qqs nouvelles.
Bon, de Puerto Natales, Patagonie chilienne,
j'embarque en fin d'après-midi, sur le
ferry de la Navimag, charge de qqs dizaines
de camions, du bétail, chevaux, moutons,
bovins et une petite centaine de turistas.
Moment impressionnant où cet énorme
navire se dirige droit sur un chenal de 80m
de large, soir couchant, beaucoup de monde sur
la passerelle, accessible, et première
tournée de pisco sour.
La nuit.Le bateau se dirige avec précaution
à travers les montagnes transformées
en masse énorme et indistincte. 7/8 noeuds,
ordres rapides et fréquents, navigation
en partie a vue et avec des cartes qui permettent
de comprendre la complexité de ce monde
traverse.
Dîner, étoile du sud, nuit
merveilleuse et dortoir d'une vingtaine
de bannettes. Insomniaque depuis qqs temps,
je veille la fin de quart de nuit à la
passerelle, café, silence, concentration
et le lever du jour voit arriver les premiers
de mes congénères.
Lendemain, météo, genre plus
mauvais jour de l'année en Bretagne,
vent violent, sans que la mer ne se forme, ballade
autour d'un glacier qui se fracasse dans le
fjord, growlers et bleu inoubliable.
Les deux jours suivants furent grandioses.ambiance
à bord très agréable, décontractée,
qqs amis qui se rencontrent dans la liberté
donnée par les différents ponts. Traversée
du Golfo de Penas par 50 noeuds de vents, et
dès que la route rejoint les canaux de
Patagonie, de nouveau ce dédale inhabité
et incompréhensible, presque vierge,
qqs traces de feux dans les forets, des
phoques, lions de mer et autres dauphins,
hélas pas d'albatros mais des oiseaux
de mer inconnus de mon bestiaire.
Le rythme lent du navire, les perspectives
sublimes vers les canaux croisés, et
sur le deck cette vision a 360°, de beauté
au soleil couchant. Inoubliable traversée.
Dès l'arrivée a Puerto Monte,
bus pour Valvidia, parc botanique décevant,
belles maisons, hôtel sordide, heureusement
la beauté des éléphants
de mer si proches, si énormes...
Le lendemain, Temuco, soirée avec
les Mapuches et Antoine, très
affairés par des manifestations nombreuses.
Ambiance année 70, genre réunion
de la LCR, bar enfumé. Barbus, cheveux
longs, jean, un peu fleur bleu (c est l'age
peut être, le mien bien sur... )
À Santiago, l'ami Tanguy me rejoint,
petit tour de ville et le lendemain, il peut
faire connaissance de Valparaiso, ou j'ai vécu
3 semaines, le bar de la Playa, Cecilia et Miguel,
les cerros, un hôtel superbe, visite à
la voyante, tarot de Marseille... et le
Pacifique...
Petit voyage ensembleLa Serena, Pisco Equil,
l'observatoire astronomique, et longue nuit
de bus vers San Pedro d'Atacama. Trois jours
là-bas, pour s acclimater à l'altitude,
2500m, la cordillère, les volcans,
le salar, la vallée de la Lune, le lac
de Miscanthi, et ce petit pueblo devenu
vraiment un spot touristique.
Nos routes se sont séparées là
: lui a comme objectif Cuzco, je préférais
rejoindre la Bolivie par le désert et
la cordillère, le salar d'Uyuni, grand
comme la moitie de la Bretagne a 3800m d'altura.
La aussi un voyage inoubliable. Un vieux Toyota,
et étant le plus vieux je suis à
la place du mort, la traversée de
la cordillère: 3 jours et deux nuits,
une dans un refuge glacial a 4200, l'autre dans
une auberge plus humaine. Et cette dernière
journée, le passage du salar. 5/10
cm d'eau sur une plaque de sel de plusieurs
dizaines de mètres d'épaisseur
et dessous un océan enferme par
les volcans de la cordillère et la poussée
de la plaque de Nazca. Altitude 3 800. Réverbération
des cristaux de sel et l'eau. Les terres au
loin sont des îles, en double, flottant
dans les nuages qui se reflètent
les uns les autres... Immensité. Plusieurs
centaines de km dans ce monde sans vie, uniquement
plat, minéral, aquatique, gazeux.
Isla del pescado, point minuscule qui se rapproche
dans le sillage de la Toyota qui s est transformée
en pirogue. Là, un lieu de pèlerinage
des indiens, des cactus candélabre de
8 a 12 m. de haut. Le + vieux est
donné pour avoir 1200 ans...
Les yeux me brûlent encore, toute cette
lumière, le sel, la poussière... air
trop sec, mal a la gorge (propolis Aargarrd pour
Philippe) et un peu la crève.
Je retrouve sans plaisir les quartiers réservés
aux touristes. un peu saint michel, la huchette...
Deplacé dans ce monde de jeunes qui courent
à travers un monde d'images, se
réunissant dans les mêmes hôtels,
internet, couples biens gentils, bandes aux
motivations indistinctes.
Bien sûr la vraie vie est là,
toute proche, dans la rue au détour de
cette rue et de ces quartiers réservés,
je m'y balade, voyeur, et témoin, mais
je reste l'étranger, le touriste. Mes
progrès en espagnol ne sont plus spectaculaires.
Enfin je pense aller aux deux trois endroits
prévus, Titicaca, peut être
encore un peu de temps vers le nord de l'Argentine,
Salta, Mendoza, et ....
Bref passage a vide, pas facile ce voyage,
je vais peut-être retrouver le fil.
Ambracao